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Expérimentation et bilan des carrefours sans feu tricolore dans le 14e

Mise à jour le 05/01/2018
Initiée dans le 14ème arrondissement, l’expérimentation de suppression des feux tricolores de signalisation dans six carrefours du quartier Plaisance/Pernety/Château est issue d’un vote du Conseil de Paris de janvier 2017, dans le cadre de la Stratégie « Paris Piéton ». En lieu et place de ces feux, la règle de la priorité à droite s’applique. Menée en partenariat avec le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), cette expérimentation a fait l’objet d’une évaluation, à l’aide de capteurs, qui a été rendue publique. À la suite de cette expérimentation, il a été décidé d’éteindre définitivement les feux concernés et de mener un travail spécifique avec les personnes malvoyantes dans le cadre d’un groupe de travail dédié.

La concertation et les mesures d’accompagnement

L’expérimentation a fait l’objet de plusieurs d’échanges et de discussions avec les riverains et les acteurs locaux à plusieurs reprises en 2017 :
- lors du dernier Conseil de Quartier Pernety ;
- lors du Conseil local du handicap, le 7 novembre ;
- lors du Conseil d’école de la rue de l’Ouest, le 13 novembre ;
- Au centre de formation de jeunes aveugles FORJA, le 5 décembre ;
- Aux parents d’élèves des écoles du 69 Ouest, du 13 Ouest et de Jean-Zay, le 11 décembre.
Issues de la concertation, plusieurs mesures d’accompagnement sont ou seront mises en œuvre au cours de l’expérimentation afin d’accompagner ce changement :
- Limitations de vitesse complémentaires à l’entrée des carrefours (+ arrêtés correspondants) ;
- Déploiement d’un marquage au sol « Attention école » sur la chaussée, devant l’école rue du 69, rue de l’Ouest ;
- Création de zones motos ou de stationnement vélo en amont des passages piétons, afin d’accroître la visibilité des carrefours ;
- Rénovation des passages piétons et bandes podotactiles, pour les personnes aveugles et malvoyantes ;
- La Direction de la Voirie et des déplacements (DVD) de la Ville de Paris propose d’accompagner la démarche relative aux personnes malvoyantes par une mission dédiée avec une instructrice de locomotion ;
- La présence d’ilotiers aux abords des écoles, afin d’accompagner les enfants lors des traversées piétonnes ;
- L’apprentissage des enfants des écoles, en lien avec le commissariat, des traversées piétonnes dépourvues de feux de signalisation ;
- La possibilité de déployer les passages piétons innovants « 3D » aux carrefours à l’angle des rues Gergovie/Losserand et Pernety/Losserand, afin d’accroître la visibilité des traversées concernées par l'expérimentation d'abandon de feux tricolores, si la concertation va dans ce sens.

Pourquoi cette expérimentation ?

La généralisation des zones 30 et la réduction de trafic automobile dans les centres urbains permettent d’envisager l’abandon de ces feux. L’expérimentation répond à la volonté d’apaiser la circulation, en lien avec le déploiement des Zones 30 dans tout le sud de l’arrondissement de mars à mai 2018.
Les feux tricolores de signalisation constituent un facteur d’insécurité : les usagers perçoivent les feux comme des équipements de sécurité, mais il s’agit d’une idée reçue : ils sont la cause 10 000 accidents par an, 1 500 blessés hospitalisés et environ 150 décès. Plus de la moitié des accidents faisant intervenir au moins un piéton ont eu lieu au cours de la traversée sur passage piétons équipé en feux. En fin de vert, les carrefours à feux induisent en effet des prises de vitesses excessives des automobilistes. En outre, les piétons, notamment enfants ou âgés, peuvent avoir une trop grande confiance dans la couleur du feu.
Un effet néfaste sur la qualité de l’air : les feux tricolores de signalisation sont à l’origine d’une pollution élevée en particules fines. Si l’attente des conducteurs au feu rouge ne représente que 2 % du temps passé au volant, elle est pourtant à l’origine de près de 25 % de l’exposition aux nanoparticules émises par les véhicules. Durant cette attente, l’exposition aux particules fines des automobilistes est près de 30 fois supérieure à la moyenne.
Des expérimentations couronnées de succès : plusieurs villes en France, comme Rennes, Nantes Toulouse, Bordeaux ou Lyon se sont également livrées à cette expérimentation. La vitesse a été réduite et la sécurité routière renforcée. A titre d’exemple, la ville de Nantes a supprimé 200 de ses feux tricolores sur les 500 qu'elle comptait il y a encore quelques années. Depuis 2015, Bordeaux fait la chasse aux feux de 200 de ses carrefours. A Philadelphie, il y a vingt ans, les feux tricolores ont été supprimés à 71 carrefours et remplacés par de simples « cédez le passage ». Le résultat est sans équivoque : 25 % de collisions en moins.
Une perception accrue du danger lié à la route : la mise en place de ces expérimentations révèle toujours une perception accrue du danger lié la route. Nous ne devrions jamais totalement nous sentir en sécurité lorsque nous sommes sur la route. Les carrefours sans feux sont plus sûrs, précisément parce que les usagers deviennent plus vigilants face au risque d’accident : ils surveillent le comportement des autres usagers.

« Ce que je trouve intéressant au sujet de ces expériences, c’est que les principales critiques proviennent presque toujours de gens qui se plaignent parce qu’ils se sentent moins en sécurité sous le nouveau régime. De fait, un sondage auprès des habitants de Drachten a révélé une perception accrue du danger lié à la route. Et je pense que c’est la clé du mystère. Nous ne devrions pas nous sentir totalement en sécurité lorsque nous sommes sur la route, parce que ça n’est pas vraiment sans danger. C’est pourquoi les routes sans signalisation sont plus sûres, précisément parce que les gens sont vigilants face au risque d’accident : ils surveillent le comportement des autres ; les conducteurs attendent d’avoir croisé le regard des autres automobilistes avant de s’élancer ; les piétons font attention à la circulation autour d’eux, et les voitures font attention à eux également. »

Dylan Grice, ingénieur et économiste pour la Société Générale Cross Asset Research, au sujet de la dépose des feux à Drachten (Pays-Bas)

Premier bilan

Mardi 23 janvier, lors du Conseil de quartier Pernéty, la Direction de la Voirie et des déplacements a présenté un premier bilan de l’expérimentation de 6 carrefours sans feux, qui a démarré il y a deux mois environ.
A ce stade de l’expérimentation, plusieurs enseignements peuvent être tirés :
  • Une baisse significative de la pollution de l’air a été mesurée entre les périodes du 7 au 20 novembre (avant extinction des feux) et celle du 20 novembre au 1er décembre (après extinction des feux). Cette baisse est corrélée à une diminution de la pollution générale sur Paris due à des conditions météorologiques plus favorables à la dispersion des polluants ;
  • Les débits restent les mêmes. Il n’y a donc pas de phénomène d’attractivité des voies lié à une « fluidification » de la circulation, mis à part un trajet rue Raymond Losserand vers Gergovie ;
  • Au niveau des prises de vitesse, elles sont dans l’ensemble les mêmes.
Le comportement des automobilistes et des piétons sera analysé à l’aide de caméras.
Une enquête auprès des piétons sera également menée aux carrefours.
Le bilan de la dépose des feux sera présenté à l’issue de l’expérimentation, prévue jusqu’au mois de juin 2018.

Bilan de l'expérimentation de carrefours sans feu tricolore

Un bilan positif pour l’expérimentation de dépose des feux dans le 14e

Le 17 septembre était présenté à l’école du 69 rue de l’Ouest, le bilan de l’expérimentation des 6 carrefours sans feux, menée de novembre 2017 à juin 2018 dans le 14e. Pour procéder à l’évaluation, de nombreux capteurs avaient été installés dans le secteur Pernety.
Le progrès le plus notable est la baisse significative de la pollution de l’air : -19% pour le NO2, -37% pour les PM10, -47% pour le benzène, dans un contexte météorologique il est vrai favorable. La suppression des feux a aussi eu le mérite de fluidifier la circulation, sans guère d’impact sur les vitesses, qui restent globalement bien respectées. D’ailleurs aucun accident corporel n’a été relevé depuis l’extinction des feux.
En vue du bilan, une enquête de satisfaction a été menée auprès de 2500 piétons sur 3 carrefours. 44% constatent une amélioration au niveau du temps d’attente de traversée, 31% de la vitesse des véhicules, 28% du bruit et 24% de la pollution. A contrario, 40% ressentent une dégradation du respect de la priorité aux piétons et 34% un plus grand stress lors de la traversée. Les actions pédagogiques doivent donc être poursuivies pour accompagner ce changement.
Mais globalement, 78% des répondants disent se sentir en sécurité pendant la traversée. 55% sont donc satisfaits de cette suppression des feux et 54% favorables à leur suppression définitive. Suite à cette expérimentation concluante, les poteaux à feux vont être déposés.

Retour sur la réunion publique du lundi 17 septembre 2018:

Un bilan positif partagé par d’autres grandes villes :

Le 6 novembre 2018, le Cerema a organisé en partenariat avec la ville de Paris, une journée d’échanges nationale autour des carrefours à feux et des nouvelles pratiques en faveur d’une ville des mobilités actives.
L’occasion de faire un état des connaissances et un partage d’expérience sur la mise en place de carrefours sans feux menée par plusieurs agglomérations dont Lyon, Bordeaux, Grenoble… (cf présentations ci-jointes).
A titre d’exemple, la ville de Bordeaux a déjà supprimé les feux de 56 carrefours. Son plan d’urgence pour les mobilités s’est fixé comme objectif une suppression des feux sur 50 carrefours par an jusqu’en 2020.

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